Nîmes dort. Le jour va paraître. Une nouvelle journée commence, une journée au hasard de milliers d'autres, Dès l'approche de l'aube, tel un nouveau Cazotte , Marc Bernard soulève pour nous quelques toits de la ville, ou bien nous conduit par les rues et les places aux noms de l'ancien temps. Avec lui, nous allons suivre, pendant cette journée, ceux qui dorment encore : l'épicier Deleuze auprès de sa femme, MarceIle, dans sa villa de cinq cents billets ; Mme Saussine, dont une veilleuse éclaire le visage aux rides profondes ; Pujol dans son garni ; Jules sur le trottoir de l'avenue Feuchères ; Liautaud le chartiste sur son sommier d'occasion ; Georgy aux joues fardées comme celles d'une fille. Et d'autres. Ils vont tous s'éveiller, vivre, penser, rêver, se réjouir, se tourmenter, se souvenir, parler.
Cela commence pianissimo, puis s'anime, se gonfle, enfin s'apaise, et la nuit reverra tous ces Nîmois à nouveau couchés, endormis, ces Nîmois dont les vies se croisent sans jamais se rejoindre. Et de cette journée toute simple, Marc Bernard nous laissera le tenace souvenir de scènes et de portraits, de comédies et de drames, décrits et peints avec amour et sensibilité, avec humour aussi et le plus probe réalisme, dans le décor de la ville avec son diadème d'arceaux, son temple, sa tour, le carré bleu de sa source.