Ce sixième volume du Théâtre de Pirandello contient trois pièces importantes.
La première de ces pièces est célèbre à juste titre : c'est La volupté de l'honneur, qui fut la première pièce de Pirandello créée en France (par Dullin, au Théâtre de
l'Atelier, en 1922) ; les deux autres : Quand on est quelqu'un et L'homme, la bête et la vertu, pour être peu connues en France, n'en sont pas moins admirables.

Quand on est quelqu'un met en scène le drame d'un grand écrivain, prisonnier de sa gloire, de ses admirateurs, de sa famille, et qui tente en vain de renouveler son art. Cette jeunesse tardive, cette poussée de vie, matérialisée par un livre que le grand homme publie sous un faux nom, devient vite une mystification navrante. Et pendant que les honneurs, les récompenses officielles et les discours pleuvent sur la tête du grand homme, celui-ci pense avec douleur qu'il a cessé d'être «un vivant».
L'homme, la bête et la vertu est une désopilante comédie où l'on voit un amant pousser sa maîtresse dans le lit de son mari et, pour arriver à ses fins, employer d'étonnants moyens. Pirandello reste un maître du théâtre jusque dans la comédie légère. L'homme, la bête et la vertu est éloignée du vaudeville ordinaire par toute l'épaisseur psychologique des personnages.
Enfin, La volupté de l'honneur dépeint le singulier Baldovino, à qui l'on demande d'épouser une jeune fille déshonorée et qui va être mère. On désire que Baldovino ne soit qu'un mari de façade, mais ce n'est pas ainsi qu'il entend son rôle. Puisqu'il est là pour «sauver l'honneur», il le sauvera à fond, avec une probité, une rigidité et une grandeur qui lui vaudront l'admiration et l'amour de sa femme.