Loup dit à Maria : «Tu pourrais abandonner les tueries aux quatre coins du monde. Filmer des sujets plus proches de nous... de moi. Mais toi, ce qui t'intéresse ce sont les morts lointaines, les morts spectaculaires, les violences de la guerre... Toujours au loin. Dommage, pense à moi... Je vais devenir un sujet digne d'intérêt...»
En somme, le jeune garçon propose à sa mère, avec l'ironie du désespoir, de faire un reportage sur lui : «Loup gravement malade... et tu me filmes jusqu'à la fin.»
Maria, son métier, c'est l'image. Dans une ville assiégée, elle a filmé un enfant «semblable au sien» qui risquait sa vie tous les jours, mais se prêtait aux jeux de la caméra, et à d'autres défis plus dangereux encore avec le tireur qui le guettait.
Et cet enfant, qu'est-il devenu ? A-t-il été épargné ? Quelle est la suite de l'histoire ? Moi non plus, on ne connaît pas la fin de la mienne. Penses-y, je serai peut-être ton meilleur reportage...
Loup s'aide de l'imaginaire le plus fou et de l'humour le plus noir, il ironise, souvent il provoque. Ce sont ses armes à lui pour sa survie, et aussi la tendresse, l'amour attendu d'un «père vagabond» et l'amour désespéré de Maria qui est toujours «en sentinelle» entre ces deux enfants des temps rebelles... Enfants de l'imaginaire et de l'image.