Les paroissiens dont il s'agit ici appartiennent à une paroisse célèbre : Saint-Germain-des-Prés. C'est là que Dornier, méridional et fils d'ouvrier, «monté» à Paris pour y faire carrière, a élu domicile. Il est journaliste ; il a des idées de gauche, mais n'adhère pas au «Parti». Parmi ses amis les paroissiens, il y a Guérard qui prépare l'agrégation et qui, lui, est communiste ; Forcinet qui finit par «adhérer», Loste, lecteur dans une maison d'édition, Steiner, qui veut devenir cinéaste, et divers autres. Tout ce petit monde discute le coup, se pose le problème d'être ou de n'être pas communiste, fréquente les bars et cafés du quartier, lève les filles et tourne en rond dans ses interrogations, ses adhésions ou ses refus, dans une France dont il reflète – à sa manière – l'instabilité, et dans une société dont il éprouve les craquements. Dornier, à qui le tragique et le comique mêlés de cette existence n'échappent pas, décide de peindre celle-ci dans un roman qui serait L'Éducation sentimentale de sa génération. Ce roman, ce pourrait bien être Les Paroissiens de Jean Cau.