Deux amours parallèles font le sujet de ce livre. D'abord celui d'Odile Formerie pour Frédéric Arban, jeune industriel, préoccupé de son travail, indifférent aux scrupules et peu curieux des femmes. Après avoir pris en main l'usine paternelle, Frédéric a précipité la ruine d'un ancien associé – qui n'est autre que le père d'Odile – et, s'il accepte d'employer la jeune fille, c'est moins dans un souci de justice, semble-t-il, que poussé par le désir de rompre sa solitude.
À l'opposé, Norbert, frère aîné d'Odile, devenu surveillant dans un collège, est d'une humeur affectueuse et désordonnée. La tendresse jalouse qu'il éprouve pour sa sœur, autant que sa vocation d'écrivain, s'exprime par le besoin de créer – et surtout de partager – la passion d'un être idéal, que représente l'héroïne de son roman Lauréna.
Norbert s'éprend de Judith, connaît grâce à elle ses premiers succès littéraires mais cette liaison violente est vouée à l'échec. Judith l'abandonne et Odile, à son tour, lui échappe, ayant réussi par sa rigueur à vaincre la fausse sécurité de Frédéric.
Norbert reste seul, indifférent à l'amitié un peu encombrante de l'un de ses élèves. Lauréna n'existe plus, qui n'était que l'image de son tourment, ou peut-être le nom d'une vérité impossible à saisir.
Cet ouvrage intelligent, où l'analyse de sentiments amoureux très divers se mêle à l'étude suggestive de plusieurs milieux sociaux, confirme la personnalité et le tempérament de Roger Vrigny, dont on n'a pas oublié le premier roman : Arban.