Ce recueil d’un écrivain valaisan a obtenu la Bourse Goncourt de la nouvelle.
Les récits de S. Corinna Bille frappent par la luxuriance de l’imagination, et par une sorte de candeur qui met à nu le cœur et le corps. Si bizarre que soit l’histoire qu’elle raconte – par exemple L’Envoûtement de la pharmacienne, contrainte par l’homme qu’elle aime à se substituer à une comtesse morte –, l’art de Corinna Bille n’est jamais gratuit. Tant de passion et de perversité, elle a su les voir dans la vie, isolant l’éclat discret d’un geste, d’une phrase, par lesquels un destin se joue. Le fantastique est parmi nous.
L’auteur projette dans ses nouvelles les coussins, les ors, les fourrures, les fougères baroques, les oiseaux et les fleurs qui forment son éden intime. Mais les femmes voilées, les masques ambigus de Carnaval en disent long sur ce paradis. Rien n’est plus subtil que la simplicité avec laquelle Corinna Bille, après avoir composé ses décors superbes et colorés comme des peintures naïves, y introduit l’angoisse, le trouble, la mort.
Parfois aussi la nouvelle est porteuse d’un terrible secret sur lequel nous nous interrogerons longtemps. Tel est celui de La Demoiselle sauvage qui s’est réfugiée dans les forêts. Tel est celui de La Dernière Confession que fait une mourante obsédée à un prêtre qui ne sait plus ce qu’il doit en croire.