Depuis sa première publication, l'importance d'Anabase n'a cessé de grandir. C'est, en effet, dans ce poème que se manifestent avec le plus d'éclat les qualités hautaines de la poésie de Saint-John Perse, dont Roger Caillois a pu dire : «Cette poésie savante qui conte les délices et les nostalgies de l'âme, l'apprivoise lentement à ses charmes étranges. Ils lui deviennent bientôt familiers, et l'âme entend sans peine cette langue nouvelle, hante volontiers ce lieu où ses façons sont souveraines et où elle salue un grand nombre de merveilles où elle a part. Elle y écoute, ravie, un chant très pur qui l'entretient d'elle-même ; elle n'attend rien d'autre, j'imagine, de la poésie.»