Aragon ? Le poète qui fonde le Surréalisme avec André Breton et Philippe Soupault, le chantre d'Elsa, le romancier «réaliste-socialiste», l'auteur des Communistes et de La Semaine sainte ou celui qui renouvelle son écriture romanesque en «brûlant ses vaisseaux» avec ses trois derniers romans - La mise à mort, Blanche ou L'oubli, Théâtre/Roman ? lequel faut-il choisir ? Et qui pourrait ignorer le journaliste, directeur du quotidien Ce Soir ou de l'hebdomadaire Les Lettres françaises, le communiste, membre du Comité central ? Son parti «lui a rendu les yeux et la mémoire» et, pourtant, il affronte les étudiants sur les barricades en mai 1968 et dénonce le biafra de l'esprit lors de l'invasion de la Tchécoslovaquie.
Rarement écrivain aura réuni sur son nom autant de louanges et d'insultes : c'est qu'il porte le XX^e siècle, comme Hugo le XIX^e, dans sa grandeur comme dans ses illusions tragiques de libération humaine, «Nous avons fait de grandes choses mais il y en eut d'épouvantables».