Pour les marins d'autrefois, s'embarquer pour l'océan Indien, c'était une chance d'approcher les îles des arômes et des douceurs inconnues. Entre encens et muscade, entre Zanzibar et Mascareignes, les exploits des corsaires et des pirates se mêlent, dans la mémoire des îles, au romantisme de Paul et Virginie, ou à l'enthousiasme communicatif du séga, la musique et la danse qu'inventèrent les esclaves. Récemment, l'expansion du tourisme a tiré de leur calme séculaire la Réunion, massif volcanique jailli de la mer, avec ses cirques incomparables et ses forêts, l'île Maurice, l'île de l'hospitalité, où chrétiens, hindous, bouddhistes et musulmans donnent au reste du monde une magnifique leçon de tolérance, les Seychelles et les Maldives, qui tiraient leurs ressources du coprah, et qui sont devenues des destinations touristiques véritablement paradisiaques. Madagascar attend toujours le développement qu'elle mérite, mais c'est sur le continent malgache, à la flore et la faune uniques, que survit encore l'être le plus évolué de la planète avant l'apparition de l'homo sapiens : le lémurien. Le premier navigateur solitaire moderne, Joshua Slocum, notait dans son journal de bord, en 1897, en abordant Rodrigues : «S'il existe un paradis sur cette terre, il est dans ces îles.»