Un très court roman, La sale saison de Samuel S. et vingt-sept nouvelles dont quelques-unes ont déjà paru dans la presse
américaine constituent ce recueil. On y retrouve toutes les qualités littéraires de l'auteur de L'homme de gingembre et
aussi son ironie désabusée.
Le héros du roman, Samuel, est un Américain qui vit à Vienne dans des conditions matérielles plus ou moins confortables selon que ses riches amis lui viennent ou non en aide. Une comtesse lui propose même de l'épouser, ce qui le fait fuir. Samuel vit sa vie quotidienne, comme s'il s'agissait de réaliser, chaque jour, un tour de force. Mais sa fin sera aussi atrocement dramatique que celle d'une héroïne de Tolstoï.
On retrouve dans la plupart des nouvelles que comporte ce recueil le même humour féroce et le désenchantement qui constituent la musique de fond du court roman. Mais le plaisir que l'on prend à lire ces textes est surtout suscité par le ton inimitable de Donleavy, et par cette ironie tour à tour joyeuse et mordante qui masque un vrai désespoir. Pour la plupart
marginaux, ses héros traduisent un mal de vivre inguérissable dans un siècle où il faut se vouloir sourd et aveugle pour s'adapter à un univers de plus en plus déshumanisé.