Marianne est une «allongée» ; cela signifie que, de son lit, elle ne peut voir que ses voisines de gauche et de droite, le reste du monde ne lui apparaissant que dans un miroir. Par contre, ses oreilles entendent les cris, les pleurs, les disputes, les moqueries : toute la misère physique et morale d'une salle commune que le personnel hospitalier étouffe sous une chape pesante de bigoterie.
Mais ce roman ne décrit pas seulement la maladie. Il évoque l'itinéraire spirituel d'une âme qui, à travers la culture et la contemplation muette d'un univers
réduit à peu de chose (un verre d'eau, un arbre) connaît quelques «instants éternels» aux frontières d'un austère panthéïsme.
Tant de rigueur dans la peinture de la souffrance et tant de sensibilité dans la perception de la joie font de Marie-Claire Bancquart une romancière riche et profonde.