Un monoroman est une histoire à un seul personnage dans une sorte de bilan de cinquantaine. Celui d'une trentaine d'années qui marquent le parcours de l'enfance à la maturité finissante. Chaque vie est un puzzle, au sens d'énigme, non seulement pour autrui, mais pour celui qui se penche sur son passé.
Éric Ollivier a commencé de vivre, réellement, en 1940, il a traversé les drames de son temps, en y laissant beaucoup de... plumes, dont a fait profit l'écrivain. Aujourd'hui, il est désenchanté, il se voit en émigré dans son propre pays, et il propose, sans craindre de provoquer des controverses, ses expériences de l'Occupation, de la Libération, de l'Indochine, de l'Algérie, il décrit les blessures de la guerre civile qu'ont reçues les jeunes hommes de sa génération. Il se trouve qu'il est loin de partager le jugement majoritaire de ses contemporains sur de Gaulle, par exemple.
Inapte par nature à se conformer, rebelle d'instinct, il évoque aussi le rôle de plusieurs sociétés secrètes, dont celle des amis des garçons tient une première place dans ses choix d'existence. La courbe de ses passions s'est développée entre Stendhal et Marivaux, il a le cœur couturé de tout être vivant.
En classant les pièces de sa vie pour son procès perdu, il ne témoigne pas d'indulgence excessive envers lui-même : il a été incorrigible, et se demande si ce verbe ne devrait pas s'écrire au présent.