Quand elle passe dans la rue, jeune fille, puis femme heureuse ou déchirée, veuve, mère inquiète, Claudia Garency, née Dulac, n'a rien de remarquable. Comme la plupart de ceux que nous croisons et qui nous ressemblent, on ignore tout de ses défaites et surtout de ses victoires.
Elle appartient à cette génération qui connut à la fois la guerre de 1914-1918 et celle de 1939-1945 et qui dut serrer les dents pour continuer simplement à survivre. Sa force réside dans son humilité, son entêtement et l'optimisme foncier qui la font, après chaque épreuve brûlante, retomber sur ses deux jambes. Violente, volontaire, elle ne montre aux autres : à son mari, à sa fille, que le visage de sa douceur. Elle détachera le premier d'une maîtresse, la seconde d'un amant de hasard, pour les replacer tous deux au centre
de l'amour. Cette femme, comme la salamandre, passe à travers le feu.