Première parution en 1970
Trad. de l'allemand (Suisse) par Christine Kübler
Rudolph Benninger est détenu à la maison de redressement de Brandmoos. B. a bien tenté, et réussi, une évasion mais il a élé repris. En guise de pensum (Strafarbeit, qui donne son titre au livre en allemand), la direction du pénitencier exige qu'il rédige le récit de son évasion. Fuite vers Bienne à travers l'eau et à dos de chien, séjour dans la maison d'un co-détenu dont la mère tient un salon de coiffure mal famé, exploits accomplis avec une bande de voyous dont D. devient le chef (contrebande, jeu, escroquerie, vol) jusqu'à la dispersion du groupe après la mort d'un de ses membres... telles sont les aventures, vraisemblables ou non, que raconte le détenu. Mais lui-même embrouille temps et lieux dans ce récit et l'on finit par se demander si son évasion a eu réellement lieu ou n'est qu'imagmaire.
Il passera ensuite dans un asile d'aliénés, substitut du pénitencier – dont il ne diffère guère –, et se verra accusé du meurtre d'une jeune fille, Véronique. La dernière partie du roman nous propose une autre version de ces événements : B. a séjourné dans un hameau du Haut-Jura qui vit sous le signe d'une puissance occulte. Des rites barbares rythment la vie de la communauté. Accusé du meurtre d'une
jeune fille, Véronique, B. est mis à l'écart et expulsé du hameau.
Un solitaire en quête de liberté, tel nous apparaît le détenu B. La sociéte utilise contre lui ses moyens de coercition et de rééducation : on fait parler le détenu, on le passe aux rayons X, on viole sa conscience afin de le recycler dans les normes établies.
En même temps qu'il revendique la liberté individuelle, Steiner affirme le caractère utopique de toute évasion. S'évader, c'est rêver. La liberté se conquiert dans le réel, non dans et par les rêves.